Nous sommes en train de mobiliser toutes nos forces vives pour réclamer, avec le maximum de la quantité de cris qui nous reste, l’équité et le respect de la loi dans l’utilisation des langues nationales, dans notre pays. En effet, à l’heure où l’état se risque dans une approche participative et inclusive à redresser le tordu dans la justice, dans le cadre du concept « JUBBANTI », désormais flambant neuf comme slogan de bonne gouvernance, nous sommes sous tous les aiguillons de l’envie, pour réclamer justice alors, pour nos langues ignorées, sans doute sciemment. Nous savons tous, ou devons tous savoir, que la question des langues nationales a été de tout temps très clairement traitée dans toutes les lois constitutionnelles ( elles sont quatre) et dans tous les décrets (deux décrets) et ce, du 24 janvier 1959 (loi n⁰ 59-003), [la première] jusqu’à la dernière (adoptée par référendum), à savoir, la loi n° 2001-03 du 22 janvier 2001. Il y a été établi, d’une manière nette et sans jamais aucun changement, que le français est la langue officielle de la République du Sénégal. Les langues nationales codifiées étaient au nombre de six(6) jusqu’à la loi constitutionnelle de 2001 qui a vu vingt (20) autres langues nationales être codifiées progressivement. Ces six premières langues nationales codifiées doivent, aux termes des dispositions constitutionnelles, être énumérées suivant l’ordre alphabétique. Ce sont, notamment : le Diola, le Malinké, le Pulaar, le Sérère, le Soninké et le Wolof. Comme pour dire qu’elles sont d’égale dignité, dans leur statut de langues nationales. Ici, justement, « JUBBANTI » vient de trouver un terrain idéal pour justifier sa raison de naître, pour ne pas paraître irrégulièrement venue au monde, en s’étalant sur toute la longueur de son J et en s’honorant du haut de sa dignité administrative, en mettant un point sur son J, afin de pouvoir se prononcer audiblement en « JUBBANTI » de justice. Pour ce cliché au moins, le participatif et l’inclusif peuvent être exempts de tout effort. Juste le bon sens suffit, pour s’appliquer et pour se l’appliquer. Comme vous le constatez, nous avons déjà un socle très solide, des textes clairs qui ne demandent qu’à être appliqués. Tout est très bien conçu dans notre constitution et nous devons mettre l’accent sur l’existence de ce fait déjà accompli. Peut-être que dame Constitution est elle-même ignorée à travers sa pléthore d’articles par les relayeurs de notre administration ? On ne sait jamais. Toujours est-il qu’il n’y a pas longtemps, Monsieur le Premier Ministre avait parlé de l’importance des langues nationales dans le système éducatif. Il avait omis certainement de souligner qu’elles étaient aussi d’une importance capitale pour le maintien de la diversité culturelle qui constitue un des charmes de notre glorieux pays.
Si aujourd’hui nos gouvernants reviennent avec cette intention de forcing manifeste, pour laisser s’imposer une seule langue nationale, le Wolof, nous dirons que nous avons bien compris le jeu, mais puisque l’arbitre est partial, nous n’acceptons pas le verdict. Même si nous comprenons également que cette façon d’hésiter entre la gauche ou la droite, pour ne pas se décider clairement sur ce jeu, est exprimée par une brillante chanson du moment, nous refusons d’admettre que nos gouvernants veuillent tordre le cou à la loi, pour nous forcer à avaler un morceau de mensonge que, ni nous, ni nos descendants, n’arriverons jamais à digérer. Ce genre de favoritisme d’une langue par rapport aux autres dans un espace national, annonce la fin des sociétés. Et le fait est ici, au Sénégal, désolant de clarté. Ce qui explique du reste, notre dose explosive d’indignation universelle. Si « JUBBANTI » national il doit y avoir, alors mieux vaut « JUBBANTI » le droit des langues nationales à exister comme le suggère la Constitution, pour avoir la bonne face du sérieux. Sans quoi, le reste du corps de cette notion sera mal réussi. « JUBBANTI » d’abord cette injustice flagrante faite aux langues nationales car, décréter tacitement une langue comme seule nationale, sans décret ni loi qui le régissent, dans un pays doté d’une Constitution traitant ce point précis clairement aussi égalitairement au moins pour six langues, serait la dernière ligne de l’impossibilité qu’auraient franchi le mensonge et l’injustice. Le droit est un outil de garantie de la sécurité et de la pérennité de toute existence, y compris celles de nos langues, oxygène de nos magnifiques cultures. Ensemble pour de la détermination, de la force et de la voix dans les rangs, pour la justice.
VOUS AVEZ DIT « JUBBANTI » ?